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Ici, on fête Halloween


Depuis un mois déjà, les vitrines de commerces et les balcons montréalais fleurissent de citrouilles, de squelettes, de sorcières et de chauves-souris. Même si les québécois me disent que "c'est plus comme avant", Halloween (dites "L'Halloween" en québécois) est ici une institution bien plus ancrée dans la culture populaire qu'en France.
Un immeuble sur trois se retrouve paré de morts-vivants en tout genre et d'épouvantails effrayants, et même les cliniques vétérinaires et bureaux des Impôts s'habillent d'orange et de noir.
Pour l'occasion, j'ai découvert une maison d'édition québécoise spécialisée dans l'horreur et le fantastique. Les Six Brumes est une petite maison qui existe depuis 16 ans et aime à donner la voix à de jeunes auteurs de la province, comme le dit son éditeur : c'est une sorte de tremplin pour leur permettre d'accéder au succès dans de plus grosses maisons d'éditions, afin de mieux leur permettre revenir pour se faire plaisir. Je ne les ai pas encore lu, mais j'essayerai bientôt quelques textes de leur catalogue.

Je ne suis pas très versée dans l'horreur, j'aime le fantastique bien-sûr et j'ai pourtant lu quelques ouvrages à vous donner la chair de poule, mais je ne suis pas spécialiste du genre.

Malgré tout je vais vous faire part des lectures frissonnantes qui m'ont tenu en haleine ces derniers mois, juste histoire de coller à la thématique de la journée. Vous m'en direz des nouvelles !

Le monstrologue, de Rick Yancey





On le connait pour La 5ème vague (pas moi pour une fois, ni le livre ni le film d'ailleurs) mais je l'ai découvert avec Le monstrologue, publié dans la collection R de Robert Laffont. Et autant vous dire que j'ai adoré !
L'histoire débute de nos jours dans une maison de retraite, le directeur de l'établissement décide de remettre le journal de son plus vieux pensionnaire récemment décédé à un écrivain, ayant espoir que celui-ci pourra l'aider à comprendre la véritable identité du vieil homme et à démêler le vrai du faux dans ces étranges mémoires. Car le vieux Will Henry prétend être né en 1876, et l'histoire commence lors de son apprentissage auprès d'un "monstrologue" en Nouvelle-Angleterre alors qu'il n'avait que douze ans.
Et effectivement, l'histoire de Will Henry à l'air de sortir tout droit d'un roman d'horreur. Orphelin depuis peu, il assiste dans ses travaux le Dr Warthrop, un scientifique à la réputation douteuse qui travaille sur des sujets peu orthodoxes, comme par exemple ces deux cadavres que leur ramène un homme de la région : une jeune fille récemment enterrée retrouvée exhumée de sa tombe au cimetière, à moitié dévorée par ce qui semble être les restes d'un monstre anthropophage...
Ni une ni deux, nous voilà embarqués dans le quotidien du jeune Will, assistant d'un professionnel des monstres au caractère irascible (Warthrop est particulièrement détestable mais tellement comique !) dans l'atmosphère gothique des Etats-Unis du XIXème siècle. La première moitié du roman rapporte surtout la relation entre Will Henry et son maître, elle peut paraître à certains un peu longue car c'est particulièrement psychologique, beaucoup de dialogues qui nous permettent de découvrir les personnages, leur histoire et leurs caractères. Mais ce sont justement ces dialogues, souvent cocasses (avec un l'humour grinçant très appréciable), et la plume subtile et soignée de Yancey qui m'ont accroché.
La seconde partie nous fait rentrer dans l'action, des rencontres avec de sinistres personnages dans de vieux sanatoriums lugubres (un moment particulièrement glauque que j'ai trouvé assez exceptionnel) et des chasses aux monstres sous tension où l'auteur sait magnifiquement gérer le suspense et harponner son lecteur. Loin d'être un roman pour enfant (à ne pas conseiller en-dessous de 14 ans), Le monstrologue est un roman fantastique plein de suspense dont le bestiaire monstrueux ravira les amateurs de macabre comme les passionnés d'aventure et d'histoire. J'essaye de le mettre entre de nombreuses mains, oubliez la collection "adolescente", oubliez que c'est l'auteur de La 5ème vague, testez juste ce petit bijou de lecture surréaliste et appréciez le voyage.


Je suis ton ombre, de Morgane Caussarieu



Je l'ai découvert l'an dernier à l'occasion d'une rencontre autour des éditions Mnémos à La dimension fantastique.
Pour ceux qui aiment l'atmosphère moite et glauque de la Nouvelle-Orléans, ou les romans gores et dérangeants de l'auteur américaine Poppy Z. Brite, vous devriez adorer les oeuvres de Morgane Caussarieu.
Dans Je suis ton ombre, on découvre l'histoire de Poil de Carotte, un gamin bizarre qui vit avec son père handicapé dans le Sud de la France. Très vite, on comprend pourquoi Poil de Carotte est un vrai paria dans le village, à l'école, et même dans son propre foyer. Son frère jumeaux est mort dans le même accident qui a gravement défiguré son père, et dont il est plus ou moins responsable. Son comportement odieux et déviant envers sa famille, ses camarades et même le seul ami qui lui reste le rendent particulièrement détestable. Poil de Carotte est sur le fil, et il va définitivement sombrer dans la folie lorsque le fantôme de son frère commence à lui apparaître. Un jour où il s'aventure dans les décombres d'une vieille ferme calcinée, il va faire la découverte d'un journal qui aurait été écrit par deux jumeaux en Louisiane... il y a plus de trois cent ans. Peu à peu, les deux récits vont s'entremêler et basculer dans l'horreur.
Je suis ton ombre mêle habilement chronique sociale, à travers l'histoire de Poil de Carotte, et le roman vampirique par le biais du carnet des jumeaux de la Nouvelle-Orléans. Le récit de Poil de Carotte est à la fois fascinant et dérangeant, on éprouve une sorte d'empathie pour cet enfant malsain et perturbé, on s'y attacherait presque malgré les événements dramatiques qu'il sème sur son chemin. Le vieux journal quant à lui est superbement bien écrit, Morgane Caussarieu use d'un style soutenu et raffiné qui tranche avec l'histoire parfaitement sordide et gore des deux enfants. Certains passages sont particulièrement insoutenables, et j'ai du poser ma lecture quelques minutes pour reprendre mes esprits au moins à une reprise. Je le conseillerai à ceux qui ont le coeur bien accroché et qui aiment les ouvrages glauques et sanglants, âmes sensibles s'abstenir.

Voilà donc de quoi vous mettre un peu d'épouvante sous la dent !

Pour ceux qui apprécieraient Le Monstrologue, je recommande par la suite la lecture de Lockwood and Co (Albin Michel et LGF) de Jonathan Stroud - sorte de Ghostbusters à la sauce humour anglais - ainsi que Les soeurs Carmines de Ariel Holzl (Mnémos collection Naos), dont l'atmosphère lugubre teintée d'humour absurde ravira les amateurs de fantastique légèrement horrifique.
Et pour les fans de Morgane Caussarieu et de lectures glaçantes, jetez un coup d'oeil aux ouvrages de la grande Poppy Z. Brite (notamment Âmes perdues - Albin Michel et Folio).




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